Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Assistante sociale: Ca se soigne...

13 décembre 2010

changement d'adresse

Pour des raisons dépendantes de ma volonté, l'adresse du blog a changé:

www.reflexionsociale.over-blog.com.

En vous attendant,

SuperAS

Publicité
Publicité
8 décembre 2010

Mais qu'est ce qu'on attend pour foutre le feu?! Lettre à augustin

Chèr Augustin,

Cela fait plusieurs jours que je pense à toi, inlassablement...

Les pieds mouillés, dans ma banlieue chic, je me faufile entre les flaques et songe comme beaucoup d'autres à ce qui adviendra ce soir des exclus, des moins exclus qui rentrant d'un travail mal payé, ne connaissent pas leur point d'arrivée.

Tu les aimes, toi, les exclus, tu leur a fait une grand déclaration d'amour il y a maintenant 4 ans et tu continues à leur être fidèle.

Je ne suis pas jalouse car je les aime aussi, tu sais mais toi, tu as gagné leurs coeurs, parmi ceux que tu as permis de reloger, par la force de ton combat. Je ne prétends pas vouloir rivaliser avec toi.

En 2007, je me souviens: une femme toxicomane avec son conjoint de l'époque, violent et sadique, et je souhaitais utiliser l'outil de l'hébergement pour la séparer de lui. Elle en avait envie, j'avais trouvé une solution, pour elle seule, et puis tu es arrivé et là, ils ont décidé, tous les deux, d'aller crécher sous une tente, avec toi, parce que déjà l'Etat avait réquisitionné les hébergements existants, laissant alors à la traîne ceux qui attendaient depuis plusieurs semaines. Elle est restée avec lui, rien de très étonnant en fait, tu n'y es pas pour grand chose, ne culpabilises pas, je t'en prie. 

J'en ai un autre, toxicomane stabilisé et malade, qui n'a pas obtenu la chambre d'hôtel qui lui était garantie, après une procédure d'admission, parce qu'alors les "Don Quichotte" avaient alors le privilège de la priorité. Là, tu peux culpabiliser, il me semble....

Je t'ai découvert en 2007, je t'ai régulièrement entendu en 2008, 2009 et aujourd'hui en 2010 faire tes déclarations d'amour au nom des exclus et j'ai envie de te répondre, non en leur nom, mais au mien seulement.

Ah Augustin, injustement nommé successeur à l'Abbé Pierre...réunissant alors autour de toi, en 2007, plus d'une quarantaine d' associations pour un Droit au Logement pour Tous. Tu les as tous scotché avec ton idée novatrice, tu les a pris par surprise: on pourra au moins te reconnaître cela.

Et tout le monde t'a suivi, personne ne s'est levé contre ce mouvement qui prétendait bousculer le système et qui à vouloir le bousculer, la verrouiller de l'intérieur. Personne n'a vu venir l'évidence: créer un Droit, c'était avant toute chose, faire intervenir l'Etat sur tous les dispositifs existants, légiférer universellement l'accès à l'abri c'était emboliser encore davantage un système qui peinait à avancer, c'était nier les différences existantes dans l'exclusion. (personnes malades, familles expulsées, familles migrantes, grands exclus...). Moi, simple assistante sociale, j'y ai pensé à l'époque: étais-je toute seule?

En 2007, on ne pouvait pas te critiquer, Augustin... Comme si la question de l'exclusion pouvait se satisfaire de la médiocrité...en pleine période électorale, tu t'es pas méfié que c'est la boîte de Pandore que t'ouvrais.

Tu continues et continues à prendre la parole chaque hiver, à défendre des positions en oubliant cruellement ce à quoi tu as participé: la mise à mort d'un système public et associatif, compétent et spécialisé mais en manque cruel de moyens.

Car depuis 2007, que s'est il passé? Le Droit au logement opposable, qui ne demeure qu'un droit, mais qui, parce que c'est un droit, a ouvert les vannes de l'ingérence. La question du logement et de l'hébergement est devenu une mission d'Etat et à ce titre, l'Etat intervient dans toutes les questions qui s'en rapportent. Concrètement, certains départements ne sont désengagés de cette question (exit les dispositifs départementaux qui assuraient "un peu"), la demande départementale de logement social disparait et devient régionale, l'accès aux structures d'hébergement est désormais centralisé par une instance départementale mais nationalisée et purement administrative (le SIAO) qui "dispatche" les demandes et ce sur toutes les structures associatives, quel que soit la spécificité et l'historique de leur travail. Ils ont pour obligation de jouer le jeu: normal, leur payeur c'est l'Etat et avec la régionalisation, on est baisé.

La proximité n'existe plus, le travail de partenariat est gravement mis en danger. Mais à quoi pensais tu en 2007? Tu t'es pris pour Coluche ou quoi, t'as cru au Grand soir??!...Toi et tes comparses vous nous avez enterrés, nous travailleurs sociaux et eux les exclus, vivants. On devrait s'en mordre les doigts,nous professionnels du social, d'avoir laissé faire, d'avoir continuer à oeuvrer en silence sur nos situations comme si la vie en dépendait...

Concrètement que se que t'as foutu?

Avant 2007, tu attendais deux heures pour obtenir une possible place d'hébergement avec le samu social. Maintenant, c'est 4h pour une personne seule et encore si t'arrives à les avoir...Pourquoi? Parce que tu disais que c'était dégeulasse et inhumain de remettre les gens au bout d'une ou deux nuits. Quelle a été ta solution? Les places d'urgence sont devenues des places de stabilisation, c'est à dire "J'y suis, j'y reste": tant mieux pour ceux qui y étaient déjà et les nouveaux? Ils vont où eux? Quelqu'un était il assez naif pour penser que l'Etat allait doubler le nombre de places d'urgence ou de stablisation? On s'est juste contenté de transformer la soupe, sans y apporter d'ingrédients supplémentaires....Je me souviens: tu étais contents de tout ça, tu attendais les résultats des engagements pris, promettant d'être vigilant, tout de même: Ah ouais?

Et les familles? Les familles, n'y pensont même pas: a titre personnel, j'ai déjà passé 6 hrs au téléphone( au mois de septembre) avec deux lignes séparées sur haut-parleur avec en son dolby surround "Vous êtes bien au 115, ne quittez pas, nous allons donner suite à votre appel..." ca raccroche, tu rappelles et à 17H30, tu laisses tomber parce que de toute façon, passé 10H, tu sais que t'aurais rien...D'ailleurs qu'est ce qui m'a pris de continuer: l'éthique, bien sûr, si chèrement enseignée...Putain, 3 ans d'étude: pour ça!!!!

T'as une réponse à me faire pour la mère avec son gamin qui va crécher dehors? Tu les accueilles chez toi?

Ton militantisme à la con a signé notre mise à mort, à vouloir faire la révolution, tu les a sacrifiés: les malades mentaux, les femmes avec enfants, les toxicomanes, les travailleurs pauvres...et un travail de long haleine qui s'intitule le "partenariat inter-institutionnel" et qui résidait dans un échange de pratique professionnelle éclairée.

Alors quand je sens la neige sous mes pieds et que j'entends ta voix de clown comme si la fin du monde était proche, je suis furieuse, je ne peux pas faire dans la demi-mesure...L'égalité des chances n'existera jamais, c'est une douce utopie alors face à la misère, c'est un fantasme que seuls les igonorants peuvent avoir.

Alors s'il te plait, au terme de 4 ans de mon silence furieux, Augustin, tais toi et retournes au cinéma...Je sais pas si tu seras meilleur mais tes dégats ne seront que fictifs...

30 novembre 2010

Brèves, bref, bref...

Deux choses lorsqu'en deux jours:

-Quand l'homme avec qui tu vis, sportif 3 à 4hrs par semaine, se claque un muscle de l'épaule en jouant au solitaire sur son portable et hurle de douleur,

-Quand la femme que tu es, se bloque la moitié du dos en se lavant les cheveux et quémende une ordonnance en urgence à sa collègue médecin...

Tu hésites entre deux choses: regarder ton gamin et se dire qu'il n'a vraiment pas choisi ses parents ou que décidement la retraite à 60 ou 62 ans , c'est vraiment pas le problème, l'invalidité nous rattrapera avant.

Quant à l'après déjeuner, tu es légèrement défoncée par l'anti-douleur *3 que l'on t'a fait prendre, le petit monde du travail te sembles ressembler à une immense fête foraine:

-les forains qui s'ennuient devant leur stand tout pourri et qui te colle au train pour trouver une occupation, achalander le client en collant au train des patients...ils ont beaux avoir de belles ganaches près de leurs grosses peluches, tu sais que ca le fera pas: le son est trop fort, ca brasse du vent et l'animation est pourrie

-Ceux qui cartonnent avec les dernières animations tendances:  ca va vite, c'est cher mais c'est l'éclate d'y être!!!malheureusement, c'est toujours trop court: forcément ce sont les meilleures collègues, celles et ceux qui bossent bien en bref!

-Le stand à sucreries: la consistance est un peu grasse, le goût n'est pas très fin façon Junkfood: vite avalé, vite digéré, vite oublié...

Après il y a toujours le train de l'horreur que soit c'est super bien fait, que ca te laisse coit (un medecin qui va sur wikipedia pour chercher un traitement anti-dépresseur) soit que c'est tellement grossier (harceler de façon doucéâtre ta collègue parce qu'elle te fait de l'ombre) que t'en sors juste dépitée...

C'est un peu tout ça le monde doux de la relation humaine, du soin et du social: des manèges désarticulés d'un côté et des marionnettes de premier choix de l'autre, le visage fin et l'oeil vif.

On est bien loin de la douce poésie d'Iphigénie et de ses comparses mais rassurez vous Iphigénie n'est pas un poême, elle est une bien triste réalité: On y revient bientôt de toute façon pour ceux qui on suivi les épisodes...

25 novembre 2010

Le drame du rapport social

Le vent s'affole dans l'après midi, l'alarme incendie sonne sans dicontinuer, une lumière de fin du jour et l'établissement est en alerte pour une Phèdre vieillissante, enfermée avec son bébé, sur l'autel du sacrifice...

C'est la routine...les mécaniques professionnelles reprennent le dessus, les mots tombent, crûs: "parquet, signalement, incapacité, pathologie, danger" enrobés dans une douce litanie sucrée que nous demande sans cesse le système.

IL FAUT ELABORER, vous dis je...Sans cesse, sans cesse mais l'imagination manque alors que faire? toujours les mêmes expressions, les mêmes nuances en pagaille "il semblerait que....Elle a pu dire....Il est nécessaire que ce travail puisse être continuer....capacités et préoccupation maternelle, réelle autonomie, s'interroger sur, prise en charge difficile, toutefois, relatif....Toujours, toujours les mêmes mots, les poncifs habituels indispensables à la bonne continuité de toute cette machine..

Ah ces fameux rapports sociaux: une nouvelle forme de roman photo qui excite ceux qui les reçoit, objet de tant de souffrance pour celui qui les écrit. La biographie express avec date de naissance, histoire de vie, besoins nécessaires, possibilité pour l'avenir.

Le rapport social c'est l'arme de l'assistant social, son catalogue de vente par correspondance, son stand à camelot avec démonstration tous les 1/4 d'heure s'il vous plait!

-les droits ce sont les droits comme le chiffre c'est le chiffre: qu'importe de croire au produit, vendez, vendez, vendez car qu'allez vous faire de toute cette misère qui entre par votre porte?

-Une démonstration tous les 1/4 d'heure dans la journée, pour un produit vendu (et bradé s'il vous plait pour un lit avec habitants sous les draps)

Exemple: trouver une piaule pourrie à 600€ par mois pour un toxico tout pourri que personne n'en veut et faire du charme au marchand de sommeil qui vous met la main sur la cuisse et sourit de ses dents noires, en vous disant ' Oui, Mme....on va pouvoir s'entendre, je crois". Dégoter la chambre avec un sourire polie et se dire que La Jeannot et son air angelot a menti à une gamine de 10 ans...

Le rapport social, c'est 1,2 voire 3 heures de boulot et 1h de mise en enveloppe. Quelques heures de travail sans résultat...

Ah non, ne parlez pas de résultat! Pas de politique du chiffre ou vous allez tuer le travail social! Ah bon? vous préférez travailler pour rien, vous?

-le rapport social, c'est un appel d'offre, digne des meilleurs commerciaux: un peu de thune pour aider la fin du mois d'une famille expulsée, une place d'hébergement à grapiller? Tout le monde affûte ses meilleurs arguments, liste le budget si intime d'une famille humiliée, défend l'évolution d'insertion si positive de l'usager à caser...Et la concurrence est rude...vos adversaires en face? Connais pas, juste une estimation du nombre d'adversaires: quelques centaines, quelques milliers même...La misère concurrence la misère.Et le rapport social, si chêrement travaillé au nom de l'éthique, circule de main en main, fait de blagues douteuses (que celui qui ne l'a jamais fait, lèves la main que je le bénisse) et de commentaires assassins...

Le rapport social ou l'ultime façon de tirer à vue: partenaire professionnel et plus souvent encore, l'usager....

Ne pas s'y méprendre mais le travail social est une nouvelle guerre moderne, longue et silencieuse, où chacun se jauge, s'épie,de l'usager à l'AS, de l'AS aux partenaires, des associations nationales aux parlementaires...

Et l'éthique me direz vous? Et bien l'éthique je me la balade sous le bras comme un beau sac que je viens de me payer...Je la démontre, je frime avec, je l'assortie en fonction des évènements, de l'humeur et des contrariétés du jour...Je défends mon choix parce que celle-ci est trop criarde mais qui a dit qu'il fallait pêcher par excès de discrétion? Pas la parisienne d'ELLE, en tout cas...Je me la balade parce que le système me balade alors j'adapte sans cesse...sans trop me contrarier, sinon je ne reviens pas bosser.

Le manque de résultat tue l'envie, anhile le désir d'agir mais quelquefois tout de même, avec ce monde qui bascule à n'en plus finir, quelquefois la grace vous touche et vous éprouve, à vous faire lever les bras au ciel devant les collègues car la victoire est là...Du moins, à la mi-temps, vous menez 1-0...les qualifications pour le championnat vous attendent mais vous avez l'espoir d'une éventuelle victoire.

20 novembre 2010

IPHIGENIE ou le réveil féminin: saison 2/L EVEIL

Finis de palabrer dans des considérations douteuses et revenons à Iphigénie et à son douloureux cauchemar.

Notre Iphigénie à nous, a accouché comme bien des femmes, normalement et sans heurts. Son ventre rond s'est relaché et son visage doux, mélancolique s'est éteint. Fermée, sa tristesse n'a pas laissé place à cette tendresse maternelle qui devrait l'envahir, au terme des premiers jours de vie de son enfant.

Sa tristesse n'a pas disparue mais l'emmène loin de tout et de son enfant. Cachée sous ses couvertures, elle ignore le jour qui se lève, ignore les pleurs de sa fille qui l'appelle. Elle ne se lève plus, ne se lave plus, ne veut plus rien entendre ni voir. Elle s'oublie, oublie son enfant, pense à lui, à ce besoin qui l'enferme, à cette lettre qu'elle veut lui écrire pour l'issue de cette grossesse, pour l'informer mais comment lui dire?

En mère qui s'abandonne, son bébé s'abandonne auprès de sa mère: elle apprend à se taire, à éviter le regard, à rester allongée près de sa maman sans bouger. Elle apprend, comme sa maman, à se cacher et se faire oublier.

Iphigénie a coupé le contact: elle ne réagit plus ou seulement de colère quand nous la réveillons trop fortement, quand nous la bousculons dans son échappée mélancolique.

Iphigénie est partie loin devant nous: nous tentons de la rattraper, pour les préserver elles deux, ensemble.

Plusieurs semaines s'écoulent. Auprès de moi, parmi d'autres, elle cherche le conseil: écrire or not écrire? Photo or not photo? Et parmi d'autres, ma réponse ne se fera pas, hormis celle de ses droits sans cesse que je rabâche: ses droits de victime, du juge qui lui est délégué, des dispositifs d'hébergement existants. Qu'en fait elle alors? Rien, elle entend, questionne mais sans cesse revient la même question: Où en est il? L'informer de la naissance, c'est revenir vers lui et confirmer, quelque part, ses sentiments qui perdurent malgré tout. Qu'importe les évènements passés, c'est son père.

Et les semaines qui passent nous effraie de la conclusion à venir, face à la souffrance de cette enfant auprès de cette maman, si peu à l'écoute des besoins de son enfant. Sans rejet, elle l'oublie seulement, verbalisant sans authenticité son attachement. Le bien-être de ce bébé est il avec sa mère? Nous l'alertons à plusieurs reprises, en douceur.

Au terme de quelques entretiens passés, d'une confiance accordée, une nouvelle fois elle se présente face à moi, le regard baissé, apathique.

Ma voix n'aura certainement jamais été aussi douce et confidentielle que ce jour-là. Je l'invite à s'exprimer, à mettre des mots sur ce silence qu'elle me présente, à ce rendez vous qu'elle honore mais qu'elle occupe de sa mélancolie.

Il est alors temps de dire la triste possibilité, celle d'être séparée de son bébé. Elle va mal, elles vont mal toutes les deux mais nous ne pouvons pas accepter qu'elle emmène son enfant si loin de cette vie qui l'attend. Elle ne comprend pas: tout va bien , elle est seulement triste mais elle aime son bébé et s'en occupe bien. Que répondre? Si ce n'est qu'elle sait que ce n'est pas vrai...Le  maudit mot  'placement" n'est pas dit mais il occupe l'espace de mon étroit bureau, il palpite dans ces longs silences et son regard. Elle a compris, c'est suffisant. Son bébé a bientôt deux mois, la sortie doit être envisagé et son réveil se précipiter...Nous nous reverrons à mon retour de vacances.

Retour de vacances: Iphigénie est en phase d'éveil. Son regard brille davantage, son visage s'est ouvert...Elle est en réaction: elle a eu peur;de mes mots, de ceux des autres, de la réalité à venir.

Et après me direz vous?L'éveil est il fugace ou annonce t il un changement à venir?

La tâche est rude, dense et bouscule ma pratique et mes connaissances juridiques. J'avance sur un terrain miné mais le risque est nécessaire: quelque chose de nouveau s'anime en elle et nous sommes curieux qu'elle nous dévoile un autre pan de son identité pour mieux préserver, toujours et encore, le lien de ce bébé avec sa maman.

Publicité
Publicité
18 novembre 2010

Plus belle la vie....

Moments choisis du jour:

-Apprendre que ta collègue située entre Barbie et Candy (blondeur, porcelaine et fossettes incluses), toute droite sortie d'un épisode de "Sous le soleil" couche (certainement) avec un Doc, situé entre Daniel Auteuil (laissé à l'abandon au bord de la route) et Claude Brasseur ( à l'abandon lui aussi), tout droit sorti de "Centrale nuit" (ceux qui ne dorment jamais), ca donne quoi?

Pas grand chose, juste une situation ordinaire...

-Quand une maman, l'oeil humide, te retient par le bras pour te montrer le dernier achat du papa: un ensemble pour bébé de 3 mois alors qu'il a déjà quasi 3 mois, à l'effigie de "Plus belle la vie", sa série préférée, ca donne quoi?

Un regard sur l'étiquette, un regard sur la taille du bébé et un sourire géné avec "C'est joli, RDV demain à 14H." pour ne pas dire "Dans une semaine,ce sera trop petit".

-Quant tu annonces doucement à une autre maman que non, son bébé ne sera pas placé malgré la peur qui lui étreint le ventre depuis plusieurs semaines, qu'elle esquisse un sourire timide silencieux et que son enfant, à l'écoute, soupire de soulagement et sourit également, ca donne quoi?

Un moment de vérité et de poésie et où rentrer chez soi après une journée harassante prend tout son sens.

16 novembre 2010

ON AIR

Deuxième épisode naturiste mais avec patiente différente...je ne suis pas pudibonde mais je me sens harcelée par ces icônes féminines.

Et là, forte de mon expérience précédente, forte de cette image dans le miroir de la salle de bain où se réflète ce beau ventre et ces seins maternels, je dis : "Je repasserai vous voir plus tard", déjà certaine que ce temps là, je ne pourrais pas le prendre dans les heures à venir.

Conforntée déjà à un dilemne: vais je devoir travailler nue bientôt pour remplir mes objectifs de prise en charge? Est ce cela l'abnégation du travail social?

Réflexions....

15 novembre 2010

SUPER AS, LA SUPER ATTITUDE?

Avant de larmoyer sur le sort d'Iphigenie et sur son devenir:

Saura t elle ou ne saura t elle pas dépasser la violence de cet amour?

Oui, Iphigénie  c'est comme du Sophocle ou plus récemment comme un mauvais soap opera avec une mauvais audience entre 10H et 11H, calé entre les dessins animés et le journal régional, où personne n'aime et tout le monde regarde, d'un oeil éteint, en repassant (pour les femmes au foyer actives) ou en commatant  pour ceux abrutis par l'alcool du petit déjeuner ou de la veille...Mauvaise audience c'est sûr, on regarde, on lit mais a t on envie de connaître la suite?

Une petite pause récréative donc: serait ce l'heure de "télé shopping" ou " du côté de chez vous"? Le genre de truc qui vous distrait où l'on songe respectivement que l'on nous prend pour des cons ou que l'on est con, simplement. Entre ces saloperies en plastique et une vie qu'on aurait meilleure dans le Luberon, avec maison d'architecte et tout le tralala, la vie citadine c'est pas une vie car ca fait pas un budget...Et ces saloperies en toc, on peut même pas se les offrir, de toute façon!

Passons, passons de toutes ces considérations télévisuelles ou n'est ce pas plutôt pour éviter le Problème majeur du moment: quand le travail devient un havre de paix, une échappatoire au quotidien, l'endroit où je respire et  où l'on me contrarie, me frustre mais de façon modérée.. aux antipodes d'un enfant de 3 ans qui me crispe et me contrarie systématiquement.

Quand le travail, la difficulté et le malheur des autres, me donne de l'air, dois je me sentir coupable?

Quand l'assistante sociale, que je suis, oublie tout, oublie même la nudité d'une femme devant elle, hanches et seins volupteux, pubis rasé, sortant de sa salle de bain pour un RDV que je veux lui donner, oublie l'incongruité de la situation lorsque agenda ouvert et stylo en marche, je cherche, tranquille, un jour, un horaire pour le fameux RDV. Oublie la belle femme, postée devant moi, entièrement nue, attendant tranquillement aussi, le dit RDV...J'oublie tous les principes appris, de la bienséance, du cadre, de la relation, j'oublie et je fais, simplement, ni deboussolée, ni confuse. En réalité, c'est à peine si j'enregistre la scène...C'est grave, doc? En fait, elle m'aurait demandé un conseil, une information, voulue montrer un document, un formulaire, on aurait presque pu s'asseoir  tel quel sur son lit et boire un jus d'orange. Ou circuler librement dans sa chambre où j'aurais pris soin d'éviter tout contact, me rendant alors compte de l'absurdité du moment...

Travail social et naturisme...serait ce à tenter? La fameuse relation d'aide en serait elle de meilleure qualité?

Super AS ne sait plus qu'elle est la super attitude parce que ne sait plus réfléchir où suis je rattrapée par des réflexes pavloviens professionnels (pour Pavlov, chercher dans Wikipedia) qui déterminent en partie mon experience?

14H: Réunion partenaires ou comment je retrouve une autre Assitante sociale avec qui j'ai fait la formation pour le fameux diplome...Choc!! Moi qui m'offre le luxe régulier de ne pas tenir mes liens et d'autant plus de ma période étudiante, je la reconnais, c'est immédiat. Elle n'a pas vieillie, elle n'a pas grossie et me montre toujours cette mine parfaite que je lui connaissais naguère...Elle, elle a conservé des liens avec les copines de promo, a des trucs à raconter, moi pas grand chose parce que dans le fond, je m'en fous...J'ai toujours détester mes congénères, allez savoir pourquoi....ou du moins toujours eu un regard critique sur mes consoeurs. Trop de social tue le goût du social!

Super AS n'est pas super ou se veut tellement super qu'elle en devient pathétique...Ah mélancolie...(mauvaise BO d'un mauvais film 1997 : Héroïnes, de Gérard Krawczyk)

En gros qu'est ce qui n'est pas mauvais aujourd'hui?  Mon fils (parce que quand même....), mon mari (classique, quoique..), les copines, un parrain, les potes, les collègues (Ca c'est sûr...), les patientes, le chef, La Maison de...., Norman Mailer, un vieux jazz, la vieille soul, les "je rigole mais c'est nerveux, tu vois" et un tas de trucs mais là on s'en fout autant que moi des autres AS...

Autant dire qu'Iphigénie, ce soir, on l'aura mis de côté et de temps en temps, ca fait du bien...

11 novembre 2010

Iphigénie ou Le réveil féminin....saison 1: l'Inaction

Le visage d'une noire madone: les yeux tristes, le visage penché, apathique, le regard égaré. Dieu seul, mais il n'existe pas, de savoir à quoi elle songe, son beau ventre africain qui pointe au large, à un mètre de distance de la courbe de ses hanches...

Iphigénie est enceinte, porteuse de l'enfant de son bourreau, de l'homme qu'elle aime, de l'homme qui est en prison, par sa faute mais grace à elle. Elle est hospitalisée, baignant dans un profond coma psychique, plongée dans une apathie réelle, fuyant les représailles de la famille de son amour, s'égarant dans son ambivalence.

Elle a porté plainte. Il a pris cher: 4 ans, multi récidiviste qu'il était. Elle a fui son appartement, son quartier, elle a tout abandonné mais qu'a t elle vraiment laissé derrière elle, excepté cet homme? Il nous tardera d'avoir une réponse et nous l'attendons toujours.

Elle n'est pas mutique: sa voix est douce, à peine percéptible, enfermée dans sa chambre, se risquant seulement sur le trottoir plusieurs fois par jour pour fumer ses cigarettes. Quel sens au sevrage tabagique chez la femme enceinte dans ces conditions?? Y avons nous seulement songé, toutes soucieuses de mettre déjà du sens à cette violence vécue?

Elle se sent bien, à l'abri, dans un coton. Elle se sent bien, reviendra ici à l'arrivée de cet enfant non prévu, victime aussi de ses coups, de ses menaces, de la perversion, à 3 mois de grossesse.

Elle se sent bien, mon oeil!  Prostrée sous ses couvertures, élan vital ralenti, mots à peine audibles, elle est une ombre dans les couloirs, elle glisse, c'est à peine si nous l'entendons...

Officiellement, elle n'a plus d'appartement, elle est à la merci des services sociaux et de leur bon vouloir mais elle ne s'inquiète pas: son élan vital est ralenti, électro-encéphalogramme plat. Elle espère, après moi, que le nécessaire sera fait, elle attend tout simplement.

Mais qu'attend elle? Un signe de lui, bien entendu, lui qui lui a tant écrit, menaçant et cajoleur, mais que fait il? L'a t il oublié? Lui en veut il? Mais non il est dangereux, "il est fou" dit elle, "sans limites" mais quand même, cela n'est il pas allé trop loin, méritait- il la prison, sa famille à elle a t elle bien fait de la protéger?

Elle veut se protéger, protéger l'enfant à naître (c'est une fille) dit elle et connaitre l'évolution de sa peine. En réalité, elle veut savoir ce qu'il devient, avoir des nouvelles de lui par procuration car son silence du fond de sa cellule lui est insupportable, rendant ainsi plus supportable leur histoire.

Mais toute pleine de son ambivalence, elle ne peut pas se saisir de ses droits: faire appel au juge délégué aux victimes par la fameuse loi DATI. Elle ne peut pas, tiraillée par l'évidence, la réalité, les faits et cet élan émotionnel qui la hape vers lui. Elle imagine lui écrire, l'informer après la naissance que c'est une fille.

Elle imagine tant de choses mais le verbalisant si peu qu'elle en est touchante et désarmante.

Elle attend la naissance à venir, elle agira après, dit elle...Agira t elle? Que peut elle vraiment? Qu'allons nous bien pouvoir découvrir quand le séisme de la naissance va la recouvrir entièrement?

8 novembre 2010

Et si on commencait....

Surement qu'il est grand temps de passer aux choses un peu plus sérieuses et de s'essayer à cet exercice aux apparences faciles mais grandement périlleux...

Le week end faisant, ce lundi s'est avéré des plus prometteurs, après des nuits assujetties à tant de tempêtes qui agitent mon inconscient.

Car c'est nouveau: depuis 2 mois, et au terme de 7 ans d'ancienneté, je rêve, pense en dormant à mon travail, bombardées de toutes part par ses patientes, ses bébées auxquelles il faut s'occuper.

Ironique, mon chef craint une future dépression: pas de risques, mes nuits, mon inconscient me sauve de la pression vécue éveillée.

Je rêve en dormant et je rêve en travaillant pour ne pas faire face à cette écrasante réalité: je n'y arriverais jamais. Alors je rêve ou du moins j'espère que tout cela serve à quelque chose: oui, je vais trouver un hébergement à cette maman et son bébé, oui l'audience au juge des enfants va bien se passer, oui je ne vais pas oublier toutes ces réunions à organiser, oui les droits sociaux sont à jour pour que l'hôpital puisse être payé, oui je ne vais pas froisser les partenaires et les tenir informer, oui je vais assurer mes entretiens des deux oreilles et répondre au téléphone d'une de mes deux oreilles et les réunions d'admission et de sortie et la formation à faire aux équipes, ai je oublié quelque chose?? Mince, j'ai oublié les rapports à taper....

Mais non, je ne suis pas au bord de la rupture, du lacher prise, de la dépression: je compense en rêvant mes angoisses enfouies et j'apprends à ne pas trop exigeante avec moi-même...

Le travail social c'est comme une tragédie grecque: c'est un drame, sans fin où se mèle sentiments exacerbés, violence , politique et tradition.

D'ailleurs, si je dois évoquer quelques personnes (ce ne sont que des femmes), je les rébaptiserait irrémédiablement  d'une tragédienne antique car bien souvent, elles sont emmelées dans un destin qui les dépasse: quelque part actrice de leur perte et victime, trop souvent, de leur propre famille et de sa tradition.

Tragédie grecque, oui, mais celle-ci contemporaine ne répond plus aux conventions de structure. Exit la fin dramatique car ici, soudain se pré-dessine une issue plus heureuse. En aimant Sophocle, en se saisissant du sens de Phèdre, on se lance dans l'aventure, sans y croire mais en y croyant quand même...On tente peut-être de contredire les auteurs classiques tout simplement.

Dialogue du jour (ascenseur-Int.Jour):

Moi: " ca y est on est entré dans l'hiver." (NB:c'est vrai qu'il a plu comme vache qui pisse aujourd'hui)

Iphigénie: "Moi, je suis entrée dans l'Action. Depuis que vous m'avez dit qu'il allait bientôt sortir (NB: de prison), je me réveille, faut que je bouge"

Dans les jours prochains, j'évoquerais Iphigénie et ses douloureuses saisons: Inaction/Action...

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Assistante sociale: Ca se soigne...
  • C'est quoi? C'est désarmant,hilarant,bluffant,politiquement correct et incorrect,énervant,attristant,militant,épuisant,enrichissant.C'est une façon d'être avec la loi,la société, les gens pour ne pas faire du travail de cochon, tout simplement
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité